Découvrez l’interview d’Axel Carion sur la piste Hô-Chi-Minh, au Vietnam. Sur les traces des grandes migrations humaines, Axel a réalisé ce parcours en 2022, représentant 2 746 kilomètres de piste. Un retour d’expérience sur sa préparation, ses difficultés et conseils.
Pourquoi cette décision d’aller faire cette aventure ?
Ma traversée à vélo de la piste Hô-Chi-Minh s’inscrit dans une série d’expéditions que je tente de réaliser depuis 2015 sur les traces des grandes migrations humaines. Cette piste longe la chaine de montagne de Truong-son (la chaîne Annamitique) qui fait office de frontière naturelle entre le Laos et le Vietnam.
C’était également un rêve de rallier le Vietnam à vélo car c’est la terre d’une partie de mes ancêtres où mes grands-parents (côté maternel) ont vécu.
Où as-tu trouvé le courage de faire toute cette expédition en solo ?
J’étais seul à pédaler mais sur la piste Hô-Chi-Minh j’ai été accompagné au quotidien par Didier de la team BikingMan (et photographe sur cette expédition) ainsi que son fils Antoine (fixeur et interprète de l’expédition). Ils se déplaçaient en motos.
Sans eux, il aurait été impossible de ramener les images formidables de ce voyage et certains lieux auraient été inaccessibles sans parler la langue laotienne. Le quotidien des galères techniques et mécaniques (surtout pour les motos de Didier et d’Antoine !) furent une source inépuisable de bonne humeur et de partage pour progresser sur la piste.
L’accueil, la curiosité et la gentillesse des Laotiens furent également un moteur de motivation pour progresser.
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Comment s’est passé la rencontre avec les locaux ?
Les hôtes
Il est assez facile de trouver où se reposer chaque soir, même dans des villages reculés qui ont souvent un lieu, même spartiate, pour se reposer.
Le peuple Laotien
J’avais déjà parcouru environ 1 000 km au Laos en 2018 et organisé un BikingMan en 2019. L’expérience de voyager à vélo dans ce pays est exceptionnelle.
Quels sont les paysages et lieux qui t’ont le plus marqué ?
La géographie karstique du territoire laotien (roches calcaires) est absolument magnifique à observer. Le lieu le plus spectaculaire qui reste gravé dans ma mémoire est la vallée de Phanop qui a été lourdement bombardé pendant la guerre.
As-tu fait face à des conditions climatiques dantesques ?
La chaleur
Il pouvait faire jusqu’à 40°C durant la journée mais je me suis engagé sur la piste à la meilleure période de l’année. L’humidité était tolérable et je suis habitué à supporter plus de 40°C sur le vélo. Durant la saison des pluies, certains tronçons seraient totalement impraticables.
Les pluies
Les rares jours de pluie que j’ai eu ont transformé le terrain en bourbier avec quelques sections où la seule solution fut de marcher en tongs pour ne pas casser la transmission du vélo pleine de boue ! Il fallait prendre un soin extrême du vélo et du matériel en lavant scrupuleusement la transmission dans les rivières quand c’était possible
Comment abordes-tu tes courses d’un point de vue alimentaire ?
Toujours dans la logique que je vais forcément rencontrer un moment de pénurie alimentaire (solide/liquide) afin de me rappeler à quel point il est essentiel sur chaque défi de gérer son effort et apprendre à connaître son corps pour s’alimenter au mieux.
L’idée derrière ceci est de me préparer « au pire » car selon les lieux traversés, les ravitaillements peuvent être inexistants et il y a forcément un moment où je commets une erreur d’alimentation qui met mon corps et mon esprit à rude épreuve.
Savoir gérer l’imprévisible est un état d’esprit qui se travaille au quotidien y compris dans la gestion de son alimentation. Le fait de se projeter sans eau ni ravitaillements permet d’apprendre à mieux gérer le stress que cette situation peut provoquer et de limiter la consommation d’énergie du corps au maximum pour atteindre un point de ravitaillement possible.
Résumé du parcours (temps, distance, vitesse moyenne, dénivelé…)
En VTT, le pilotage du vélo a-t-il été compliqué ?
De manière générale, il y avait peu de portions très techniques. Le choix du VTT fut judicieux pour quelques tronçons en single ou sur terrain vraiment trop défoncé pour passer en gravel. Le confort du VTT m’a permis également de ne pas trop me casser physiquement après une saison 2022 particulièrement éprouvantes où j’avais participé, entre autres, aux BikingMan X, Brésil et 555 Vercors.
As-tu vécu des chutes ?
Dès les premiers jours sur l’asphalte sur une plaque d’hydrocarbure j’ai glissé en partant dans le décor. C’était la seule de l’expédition et elle m’a mis tout de suite dans l’ambiance !
Il y a-t-il eu des imprévus sur ton parcours ?
Ce type d’expédition est une succession d’imprévus qu’il faut gérer au quotidien. C’est bien ce qui fait le sel de ces aventures d’ailleurs. Le plus bel imprévu fut de retrouver ma compagne qui m’attendait au Vietnam dans la ville de Dalat à quelques jours seulement de l’arrivée sur Hô-Chi-Minh ville.
Les STATS de l’expédition :
- Km total : 2746
- Dénivelé : 32800m
- Temps total : 136 heures de vélo
- Vitesse moyenne : 19,4 kmh
Pour conclure
Comment s’est déroulé le retour en France retour à la réalité ?
C’est toujours un plaisir de retourner à mon camp de base sur les Alpes-Maritimes après des voyages aussi exotiques car la Côte d’Azur demeure un très beau sanctuaire pour le vélo (route/gravel et VTT). Le défi principal est de gérer au niveau corporel la variation importante de températures entre les 40°C au Laos et les 5°C en hiver en France.
La récupération et l’assimilation des 2700km a-t-elle était compliqué ?
J’ai concentré ma fin d’année sur de la récupération active avec des sorties vélo à basse intensité, de la marche et des étirements. J’ai aussi travaillé sur le sommeil ainsi que sur une bonne alimentation pour digérer cette expédition. Globalement la récupération s’est très bien passée.
Au bout de combien de temps as-tu repris le vélo ? T’es-tu infligé du repos ?
Dès mon retour, j’étais sur le vélo. Je crois beaucoup à la vertu de la récupération sur le vélo avec des sorties à basse intensité à l’extérieur ou bien sur home-trainer plutôt que le repos absolu à ne plus rien faire. La marche m’aide également à récupérer avec un effort doux.
